Décrochage scolaire en 2021

          Le décrochage scolaire est une problématique connue depuis longtemps. Il y a quelques années, il touchait presque un jeune sur dix entre 18 et 24 ans. Cependant ces chiffres ne prennent pas en compte les adolescents plus jeunes. Et oui, certains élèves décrochent de l’école dès la troisième secondaire. Mais qu’est-ce que le décrochage scolaire exactement ? 

En Belgique l’école est obligatoire jusque 18 ans. Officiellement, le jeune est en décrochage scolaire lorsqu’il dépasse les 20 demi-journées d’absence non justifiés (notamment par un certificat médical). Cela peut néanmoins commencer bien plus tôt. Certains auteurs évoquent les prémices du décrochage dès que l’élève n’arrive plus à s’investir dans son travail scolaire. Malheureusement, comme beaucoup d’entre vous le savent, la crise sanitaire actuelle accroit les difficultés chez les étudiants de tout âge et les statistiques s’envolent. 

          Pour commencer, je vous explique les signaux qui peuvent apparaître chez le jeune en difficulté. Ce sont des symptômes qui peuvent également apparaître dans d’autres problématiques et ne permettent pas un diagnostic exclusif du décrochage scolaire. Ils renvoient surtout à une souffrance que ressent votre enfant. Celle-ci peut se manifester par de l’ennui, de l’agressivité, un état dépressif ainsi qu’un rejet ou un état de passivité pour les cours. Votre enfant peut également se montrer irritable. Les élèves présentant moins d’intérêt pour les cours peuvent développer des difficultés comportementales (agitation, inattention, …).  Pour les jeunes en décrochage scolaire sévère, il est possible d’observer de l’addiction (alcool, drogue, jeux vidéo), des comportements à risque, de la criminalité ainsi que des phobies (peur insurmontable pouvant provoquer des crises de panique). Ces adolescents se trouvent alors dans un cercle vicieux. Ils ont tendance à rechercher des amis ayant les mêmes difficultés ou à s’isoler très fort. Il est alors très difficile pour eux de retrouver le chemin de l’école. Comment peut-on les aider sur cette voie ? 

          Premièrement, je vous conseille de ne pas étiqueter votre enfant. Il éprouve des difficultés et traverse une mauvaise période. J’imagine que celles-ci peuvent avoir un impact sur votre vie de famille. Mais ne vous dites pas qu’il le fait exprès, qu’il a simplement “la flemme” ou qu’il “n’étudie pas assez “. Les symptômes dont je vous ai parlé plus haut entraînent des difficultés de concentration. Je vous propose également d’éviter de le comparer à ses frères et sœurs ou à ses notes antérieures. Cela pourrait augmenter encore plus son mal-être et son isolement.  

Le deuxième conseil est d’essayer de rétablir la communication avec votre adolescent. Quelle que soit la raison de ses difficultés, en parler peut l’aider. Il est important d’essayer de lui offrir un espace de parole dans lequel il se sent en confiance. Cela peut être avec vous, un proche, un professionnel. Parler de son ou ses problèmes lui permettra d’avoir un autre avis, de le voir sous un autre angle. Ce changement de point de vue peut l’aider à passer au-dessus plus rapidement. Ce dont je vous parle s’appelle le recadrage. Celui-ci n’a absolument pas pour but de dénigrer le problème de votre adolescent. Cependant, tout en respectant son ressenti, il est possible de l’aider, en douceur, à décaler un peu sa vision de la situation. C’est une méthode qui fonctionne pour aider une personne à reprendre espoir et à se dire que les choses peuvent évoluer. Je vous encourage également à redonner du sens à l’école. Jusqu’à présent, votre enfant a sûrement réussi à l’école pour vous faire plaisir ou avoir des petites récompenses. A l’adolescence les relations changent. Les jeunes ont tendance à se détacher du cercle familial pour s’impliquer dans la sphère sociale et les relations avec leurs amis. C’est normal. Cela fait partie du développement de l’adolescent et de sa recherche d’identité. Cela veut aussi dire que leurs motivations par rapport à l’école changent. Retrouver du sens dans l’étude des matières ou les apprentissages permet au jeune de retrouver la goût du travail scolaire. 

          Je pense également qu’il est important d’écouter nos jeunes dans la souffrance qu’ils ressentent par rapport à la crise sanitaire actuelle. Les cours à la maison ne sont pas aussi chouettes qu’il n’y parait. Il y a les difficultés de connexion, de compréhension, pour poser des questions. Les interactions professeur-élève et élève-élève sont bien différentes. Et souvent cette évolution n’est pas favorable à l’élève (ni au professeur d’ailleurs). De plus, avant ils allaient à l’école du lundi au vendredi entre 8h et 16h. En dehors de cet horaire, ils faisaient ce qu’ils voulaient. Ils pouvaient se déconnecter de l’école. Actuellement, les élèves reçoivent des mails ou des messages avec des devoirs, des informations sur les interrogations ou les cours. Ces mails peuvent arriver à tout moment, même le soir ou le week-end. Cette immersion de l’école dans le quotidien de l’enfant peut être très difficile à vivre. A quel moment peut-on se changer les idées si un mail avec un devoir peut arriver à n’importe quelle heure et même le week-end ? Et oui, personne n’aime recevoir de mail de son patron le dimanche à 15h. Tout le monde a besoin de temps pour se déconnecter... Et bien sûr je ne vous parle pas de l’absence de contacts sociaux (important dans le développement de l’adolescent), l’absence d’activité extra-scolaire, l’inquiétude de ramener le virus à la maison, de rendre malade les proches, de vous rendre malade. Je pense que la situation serait beaucoup plus facile pour eux s’ils pouvaient se dire : on tient encore 3 mois et après on peut reprendre nos vies. Mais ce n’est pas le cas. La situation est incertaine et le bout du tunnel se trouve bien loin. Chaque semaine on se demande si les écoles vont fermer. Ils sont plongés dans un contexte rempli d’incertitudes, de stress, d’angoisses et surtout de solitude.  

          Alors bien sûr, tous les jeunes ne vont pas mal. Ils ne sont pas tous en souffrance par rapport à l’école. Mais il me semble important d’en parler pour ceux qui se sentent stressés ou dépassés par la situation. Il ne faut pas abandonner ces jeunes-là.  

 

          Je suis disponible si vous avez une question, un témoignage, une remarque. Et surtout, prenez soin de vous et de vos proches.   

                                                                                                                                                                                                                   

                                                                                                                                                                                                                      Charlotte Masure – Psychologue 

 

 

 

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Commentaires: 1
  • #1

    Copette Anne (vendredi, 29 janvier 2021 18:55)

    Texte trés bien rédigé je le copie et le partagerai mais le donnerai aux familles confrontées à ces problèmes graves qui concernent nos jeunes merci les conseils pourront aidés positivement les parents et leurs enfants en souffrance prends bien soin de toi bisou à vous trois