Pour ce premier article, j’ai envie de vous parler du sommeil chez l’enfant. C’est un thème très vaste mais qui revient très souvent lorsque je reçois des familles en consultation. En effet, les problèmes liés au sommeil sont fréquents : angoisses avant d’aller dormir, refus d’aller se coucher, refus de se coucher dans son propre lit, réveils nocturnes, cauchemars, terreurs nocturnes, somnambulisme, …
Pour commencer, un peu de théorie sur le sommeil du jeune enfant.
Entre 1 et 2 ans l’enfant dort entre 11h et 14h. En âge préscolaire il a besoin de 10h à 13h et jusque 12 ans il lui faudra de 9h à 11h de sommeil par nuit. Il est normal de se réveiller durant la nuit et cela ne doit pas vous inquiéter. Il peut se rendormir seul.
Entre 2 et 3 ans les cauchemars peuvent apparaître et diminuent généralement à partir de 10 ans. Les cauchemars proviennent des conflits intrapsychiques que vit l’enfant au quotidien. C’est une représentation symbolique de ses envies et de ses frustrations. Ils peuvent aussi émerger suite à des images ou des scènes violentes dont il a été témoin. C'est une situation normale, les cauchemars disparaissent avec le temps. Il faut néanmoins rester attentif à ce que votre enfant ne développe pas d’angoisse à l’idée d’aller dormir. De plus, ils ne sont pas à confondre avec les terreurs nocturnes.
Lors d’une terreur nocturne, votre enfant peut s’assoir dans son lit, crier, avoir les yeux ouverts et notamment sembler terrifié. C’est très impressionnant mais rassurez-vous, il ne se souviendra de rien au réveil. Même s’il a les yeux ouverts, il est entrain de dormir. Je vous conseille de ne pas le réveiller car il ne comprendrait pas ce qui lui arrive et serait confus. Elles sont normales et sans danger et deviennent de plus en plus rares après 5 ou 6 ans.
Je pourrais vous parler pendant des heures du sommeil mais je pense que le mieux est plutôt de vous donner quelques conseils pour vous aider si vous observez que votre petit bout n’a pas un sommeil optimal.
La première chose à faire en présence de symptômes pouvant altérer le sommeil est de vérifier qu’ils ne sont pas liés à une raison médicale. Cependant, dans de nombreuses situations, ces difficultés sont d’ordre psychologiques ou psychosomatiques.
En effet, pour un enfant, s’endormir renvoie à deux grandes difficultés. La première est le fait d’arrêter de jouer, découvrir, s’amuser. Ce n’est vraiment pas agréable de devoir laisser son Lego pour aller dans son lit ! Et nous pouvons le comprendre n’est-ce pas ?
Ensuite le fait d’aller dormir ravive l’angoisse de séparation. Quand votre enfant va dormir, il vous dit au revoir et passe la nuit seul dans son lit. Cet apprentissage est important mais il n’en est pas moins facile. Alors toutes les excuses sont bonnes pour retarder ce moment le plus tard possible : une histoire supplémentaire, un câlin, un verre d’eau, … L’enfant se lève pour de multiples raisons qui retardent l’heure de l’endormissement. Finalement cette situation peut devenir une vraie bataille entre vous et votre enfant afin qu’il s’endorme à une heure correcte. Vous pouvez aussi être inquiets que votre petit chou ne dorme pas suffisamment et finir par accepter qu’il dorme avec vous dans votre lit afin qu’il soit en forme pour l’école le lendemain.
Ces situations créent de l’épuisement, de l’agacement ainsi que beaucoup de tensions entre vous et votre enfant mais également au sein de votre couple. L'intimité devient de plus en plus rare et il devient difficile de rester homme et femme sans se laisser absorber entièrement par son rôle de parent.
Alors comment faire pour aider votre enfant à s’endormir dans son lit et à ne pas se réveiller la nuit pour rejoindre le lit parental ? Les problèmes liés au sommeil sont nombreux et donc les solutions le sont tout autant. Afin de pouvoir aider au mieux votre enfant il faut identifier quelle est sa difficulté et d’où elle provient. Je vais vous détailler trois situations courantes.
La première est si votre enfant ne souhaite pas quitter son jeu ou son activité. Il ne se sent pas fatigué et ne veut pas aller se coucher. Pourtant vous le connaissez et vous savez bien qu’il est l’heure d’aller au lit sinon demain la journée sera difficile. Je vous conseille d’ouvrir la discussion et de lui expliquer avec des mots adaptés à son âge qu’il doit se reposer pour reprendre des forces pour la journée du lendemain. N’hésitez pas à mettre en place un temps précis de jeux avant le coucher cela lui permettra de comprendre plus facilement quand il doit aller dormir. Vous pouvez également proposer des activités plus calmes quand vient l’heure d’aller dormir. Une histoire plutôt qu’une bataille de chevaliers commencera à apaiser votre enfant avant d’aller au lit. De plus, avec des règles claires que vous respectez tous les jours, votre enfant comprendra que quand c’est l’heure d’aller dormir, il est inutile d’essayer de négocier ou de se fâcher. Petit à petit il va intégrer la règle et acceptera beaucoup plus facilement l’heure du coucher.
La deuxième situation est le cas où votre enfant aurait des difficultés liées à de l’anxiété. Votre enfant a peur d’aller dormir seul dans sa chambre. Il ne veut pas vous dire au revoir ou souhaite venir dormir dans votre lit. Je vous conseille de mettre en place un rituel de mise au lit. Celui-ci peut être choisi avec l’enfant (histoire, chanson, câlin, …) C’est votre rituel et il est unique. Il permet de rassurer votre petit bout avec des habitudes régulières. S'il ne supporte plus du tout de dormir seul et dans son lit, vous pouvez commencer par le réhabituer à sa chambre en jouant un peu tous les jours avec lui dans cette pièce. Et puis tout doucement le laisser jouer seul. Il est important que votre enfant se sente en sécurité dans la pièce dans laquelle il dort. Chez les tout jeunes enfants, vous pouvez également mettre en place l’utilisation d’un doudou ou autre objet de son choix. Celui-ci a pour but de le rassurer lorsque son parent n’est pas là. Petit à petit il pourra s’en détacher et se rassurer seul.
Pour finir, la troisième situation est la présence de cauchemars. Si votre enfant fait régulièrement des cauchemars et s’il vous en parle durant la journée, vous pouvez l’inviter à les dessiner. Lorsqu’il a dessiné son mauvais rêve, vous pouvez lui proposer de trouver une fin joyeuse. S'il a des difficultés, aider le à mettre du positif dans ses mauvais rêves. Vous pouvez agir ainsi pour chaque cauchemar, ça permettra à votre enfant de s’apaiser.
Bien sûr chaque situation est différente et demande une attention toute particulière. Si vous vous sentez en difficulté par rapport au sommeil de votre enfant, n’hésitez pas à en parler à un professionnel. Il est préférable d’en parler dès l’apparition des premiers symptômes pour ne pas que la situation s’enracine et que vous vous sentiez dépassé.
Je vous laisse sur un dernier conseil qui s’applique à toutes les situations. Vous êtes le parent, faites-vous confiance, vous savez ce qui est bon pour votre enfant. Et bien sûr prenez soin de vous et de vos proches.
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